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L’université nomade – Carole Lévesque et le réseau Dialog

by sur 23/04/2012

Carole Lévesque et le réseau DIALOG

L’UNIVERSITÉ NOMADE OU COMMENT FAIRE LE PONT ENTRE DEUX MONDES

7 juin 2011 // par Marianne Boire

Au cours du mois d’août 2011, le temps de quelques jours, une session de formation très particulière sera organisée à Montréal; elle réunira non seulement des professeurs, des chercheurs et des étudiants, mais aussi plusieurs représentants des peuples autochtones. Et à l’instar des ancêtres de ces peuples qui voyageaient souvent d’un campement à l’autre au gré des saisons, des sessions semblables s’organisent et se déplacent au gré des partenariats et des sujets abordés. Bienvenue à l’Université nomade !

Fruit du travail acharné de Carole Lévesque, professeure au Centre Urbanisation Culture Société de l’INRS, de ses collègues de différentes universités québécoises et des partenaires de DIALOG, le réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones, l’Université nomade tiendra cet été sa 7e édition. Si la prochaine édition se donnera dans la métropole montréalaise, les précédentes ont été organisées au Pavillon des Premiers-Peuples de l’UQAT (Val-d’Or), à l’Université de Bretagne occidentale (Beg Meil, France) ou au Centro de estudios para el desarrollo rural (Zautla, Mexique). « L’Université nomade reprend quelques principes et façons de faire des écoles d’été, convient Carole Lévesque. Mais sa particularité réside dans le fait que cette formation est offerte non seulement à des étudiants, mais aussi à des intervenants, des décideurs autochtones, des membres de la société civile et à tous ceux qui veulent en savoir davantage sur les questions autochtones. »

Autre fait inusité, les enseignements de l’Université nomade ne sont pas exclusivement dispensés par les professeurs : ils le sont aussi par des étudiants et des collaborateurs autochtones. « C’est un moment de rencontre privilégié, entièrement dédié aux savoirs, autant les savoirs des chercheurs que ceux des autochtones, poursuit Carole Lévesque. À l’Université nomade, ainsi que dans tout ce qui se fait au sein du réseau DIALOG, des ponts sont sans cesse créés pour favoriser le partage, le dialogue entre les cultures, la circulation des connaissances et des expertises. »

Le Plan Nord
Au mois d’août prochain, l’Université nomade se penchera sur un sujet de très grande actualité : le Plan Nord du gouvernement québécois. Le réseau DIALOG  est d’ailleurs très actif sur ce sujet depuis déjà plus d’un an. « La question n’est pas de savoir si le Plan Nord est bon ou pas, nuance Carole Lévesque. Le Plan Nord s’inscrit dans notre histoire collective; il  vient s’ajouter à des dizaines d’années de développement du Nord québécois. S’y intéresser, c’est se préoccuper à la fois du passé et de l’avenir de la société québécoise. C’est une occasion unique pour les chercheurs et les partenaires autochtones de DIALOG d’entreprendre une démarche conjointe de réflexion et d’analyse. »

La session de l’été 2011 ne sera d’ailleurs pas la seule occasion pour le réseau DIALOG de se pencher sur la question du Plan Nord. La 5e édition de l’Université nomade, qui s’est tenue à Val-d’Or en juin 2010*, avait aussi abordé la question. De plus, DIALOG a formé un groupe de travail dont le mandat est notamment de suivre l’évolution des débats à ce sujet, de préparer une documentation de référence et, éventuellement, de mettre sur pied un forum réunissant les principaux acteurs du dossier.

Un réseau de recherche novateur et très présent
Parmi les nombreux projets de recherche qui mobilisent les chercheurs et les partenaires du réseau DIALOG, plusieurs s’articulent autour d’un objectif commun : donner davantage de visibilité aux peuples autochtones. « Les politiques coloniales ont contribué à l’invisibilité des populations autochtones, affirme Carole Lévesque. Elles ont orchestré et institutionnalisé leur effacement. Nous, dans la mesure de nos moyens, avec le savoir comme outil et comme finalité, nous souhaitons contribuer à leur visibilité. »

Carole Lévesque se dit particulièrement fière de la banque documentaire Autochtonia, qui répertorie plus de 12 000 documents relatifs aux peuples autochtones du Québec. Quatre mille d’entre eux sont déjà directement accessibles en ligne et les autres sont en voie de le devenir. « Autochtonia compile aussi les documents, textes et autres ouvrages produits par les différents peuples autochtones, souligne Carole Lévesque avec enthousiasme. C’est 200 ans de recherche et de travaux relatifs aux peuples autochtones que nous faisons connaître, que nous rendons visibles ! »

Entre deux mondes
Anthropologue de formation, Carole Lévesque travaille avec les peuples autochtones depuis maintenant près de quarante ans. Au cours de son riche parcours, elle a notamment eu l’occasion de séjourner plusieurs années au sein de communautés autochtones — ce que les étudiants d’aujourd’hui n’ont malheureusement plus l’occasion de faire, déplore-t-elle. À la fin des années 1990, profitant d’un contexte historico-politique favorable à une plus grande ouverture face aux réalités autochtones, elle a fondé le réseau DIALOG, qui fêtera ses dix ans à l’automne.

« Le monde autochtone est un monde parallèle, soutient-elle. C’est un monde complet en lui-même, avec ses propres institutions, ses propres valeurs, ses propres savoirs. Dans le projet d’un rapprochement entre la société québécoise et le monde autochtone,  le réseau DIALOG et l’Université nomade offrent des espaces de médiation entre des univers différents, une manière de répondre au défi du vivre ensemble dans le Québec d’aujourd’hui. » Nul doute que ces exemples puissent inspirer d’autres groupes, à l’université ou ailleurs. Et que chacun saura en tirer des leçons de sagesse. ♦

* N.D.L.R. L’Université nomade a connu deux éditions en 2010 : du 13 au 18 juin et du 23 au 27 août.

« Carole Lévesque et le réseau DIALOG : L’Université nomade ou comment faire le pont entre deux mondes » de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification 2.5 Canada. Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues en contactant larédaction en chef© Tous droits réservés, Institut national de la recherche scientifique, 2011 / Photo (professeure) © Christian Fleury

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