Prochaine séance Les pensées critiques contemporaines « Mobilisations identitaires et luttes de classes. Indianisme et émancipation en Amérique latine » – EHESS Paris 16 mai
programme 2011-2012, Paris EHESS
Prochaine séance autour de textes de Álvaro García Linera (Bolivie)
16 mai : Mobilisations identitaires et luttes de classes. Indianisme et émancipation en Amérique latine.
avec Franck Gaudichaud, politiste et MCF en civilisation hispano-américaine (Grenoble 3) et
Hervé Do Alto, doctorant en science politique (Sciences Po Aix) et ATER (Nice).
Les séances ont lieu le mercredi de 17h à 19h, à l’EHESS, 105 bd Raspail, salle 7.
Le « tournant à gauche » qui caractérise l’Amérique latine au cours des années 2000 laisse entrevoir un étonnant paradoxe : s’il traduit la montée en puissance de mouvements sociaux unis par un commun rejet des politiques néolibérales, il consacre également la relative marginalité de la gauche « traditionnelle » dont le principal référent était le marxisme, au profit de courants s’identifiant plus volontiers à l’indianisme et à la défense des populations autochtones, dites « originaires ». Ce processus d’ethnicisation de la vie politique latino-américaine montre combien la « question indigène » est devenue centrale au sein du camp populaire, au point d’avoir été érigée en enjeu principal des mobilisations sociales en faveur des nouvelles constitutions dites « plurinationales » en Équateur et en Bolivie. Au détriment de la lutte de classes, comme le prétendent certains marxistes ? Ou au risque de remettre en cause les principes républicains des jeunes démocraties du continent, comme l’affirment les intellectuels libéraux ? Ou encore parce que les mouvements identitaires seraient le nouveau moteur de l’histoire de l’Amérique latine démocratique, comme l’affirment les héritiers d’Alain Touraine ? Dans son texte « Indianisme et marxisme, la non-rencontre de deux raisons révolutionnaires » qui traite particulièrement du cas bolivien, le sociologue et vice-président bolivien Álvaro García Linera souligne le potentiel émancipateur de la pensée indianiste, et revient sur les conditions historiques de son émergence, notamment vis-à-vis d’une gauche qui a souvent renoncé à reconnaître tout autre domination que celle liée à la contradiction opposant le capital au travail. La discussion de ce texte permettra donc de s’interroger sur les usages théoriques et pratiques de l’idéologie indianiste dans la conjoncture actuelle, comme sur les difficultés et tensions engendrées par les tentatives d’articulation avec le marxisme dont elle fait – trop rarement – l’objet.
Texte support
- García Linera, A., 2009, « Indianisme et marxisme : la non-rencontre de deux raisons révolutionnaires », Contretemps, n° 4 (avec une présentation)
- García Linera, A., 2008, Pour une politique de l’égalité, Communauté et autonomie dans la Bolivie contemporaine, Paris, Les Prairies ordinaires, p.98-113.
Bibliographie
- Do Alto, H., Stefanoni, P., 2008, Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie, Paris, Raisons d’agir.
- García Linera, A., 2009, La potencia plebeya: acción colectiva e identidades indígenas, obreras y populares en Bolivia (comp. P. Stefanoni), Bogotá, Siglo del Hombre Editores/Clacso.
- Le Bot, Y., 2009, La grande révolte indienne, Paris, R. Laffont.
- Mariátegui, J. C., 1968 [1928], Sept essais d’interprétation de la réalité péruvienne, Paris, Maspero.
- Poupeau F. et Do Alto, H., 2009, « L’indianisme est-il de gauche ? », Civilisations, 58-1, 25,http://civilisations.revues.org/index1971.