Journée d’Etude sur l’oeuvre de Raymonde Carasco et Régis Hébraud – 25 mars EHESS Paris
et Régis Hébraud
25 mars 2014 – Journée d’Etudes à l’EHESS
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Iiac-Laios)
Université Paris 3 (Sorbonne nouvelle) / Université de Toulouse 2 – Le Mirail
Cinéma du Réel / Cinémathèque de Toulouse
09h00 – 12h30 « Êtes-vous venus là où personne ne vient ? »
Travail de la pensée, travail du film
Présidente de séance : Nicole Brenez
9h00• Nicole Brenez & Corinne Maury
Accueil
9h10• Nicole Brenez (Professeur, Université Paris 3 Sorbonne nouvelle)
Du courage. Quelques enjeux du travail de Raymonde Carasco et Régis Hébraud
« Vision accueillante et poreuse aux positions d’autrui, œuvre autonome et tranchante quant à sa fabrique, ses stylèmes, ses principes et ses enjeux – rien moins que la description, la dilection pour l’étranger, l’exactitude, la fidélité, le hors-limite – l’œuvre de Raymonde Carasco et Régis Hébraud s’engendre d’une série ouverte d’exigences de dépassement et de franchissement (d’ordre pratique, formel, anthropologique, éthique) au nom desquelles, souverainement, quelque chose de la mimésis sous nos yeux se reconfigure. »
9h30• Régis Hébraud (Cinéaste)
Réaliser un film Tarahumara. « Ce cinéma, c’est moi, c’est ma vie… » Raymonde Carasco
« Le désir d’écrire de Raymonde Carasco et le « saut dans l’image ». Analyse du processus de réalisation d’un film de/avec Raymonde Carasco. Première période (1977-1987) : un voyage = un film. Deuxième période (1995-2004) : approche de la pensée chamanique. »
10h• Caterina Pasqualino (Chargée de recherche, CNRS)
Le ciné-performance de Raymonde Carasco
« Pour restituer au plus près le rapport que les Indiens Tarahumaras d’Amérique latine entretiennent sur le plan émotionnel avec un au-delà chtonien, Raymonde Carasco a donné forme à une ethnographie poétique. Prenant une certaine distance vis-à-vis du contexte social, elle a choisi de filmer la matérialité des faits, parfois en plans rapprochés, comme une abstraction. En dépassant les clivages entre acteur et spectateur, et entre rituel et performance filmée, l’auteur nous ouvre au monde imaginaire des Tarahumaras. »
10h30• Aude Fourel (artiste plasticienne et vidéaste)
Gradiva, figure cinématographique
« Expérimentation de la caméra dans le non-vouloir-saisir, mise en scène du corps-événement et de la rencontre, montage-intervalles : ‘C’est cette dimension nouvelle d’une ‘verticalité’ qui introduit une discontinuité entre les éléments sonores et les éléments visuels de l’image’. (Raymonde Carasco, « La cinématographie, le cinéma et l’exigence du fragment », 1984). »
11h• Térésa Faucon (Maître de conférences, Université Paris 3 Sorbonne nouvelle)
Marcher, monter, danser. Tisser le vêtement du temps
« Gradiva, Gradiva-Western, Tutuguri, Tarahumaras 78, Tarahumaras 2003, pour ne citer que cinq films, travaillent le lien entre le cinéma et la danse par le geste sculptant la matière-temps et plus particulièrement par le lien marcher/monter. Nous verrons comment caméra et montage chorégraphient le dialogue entre les pas et le sol, interrogent son paradoxe (‘laisser une marque et partir’), l’intervalle entre deux pas, entre deux images ; comment le montage le plus souvent, ou le ralenti parfois, se réapproprient cette forme chorégraphique et en proposent un équivalent cinématographique. »
11h30• Ricardo Matos Cabo (Programmateur)
L’attente : l’espace sonore dans les films de Raymonde Carasco et Régis Hébraud
« C’est par l’attente que les Tarahumaras non pas s’approprient, mais approchent, apprivoisent l’événement à venir. Attendre. Capter le temps. Non pas le temps qui passe, mais du temps, ce qui va se passer. »
[Tarahumaras 87, Rites d’Hiver, Los Matachines]
12h• Vincent Deville (Maître de conférences, Université Paul Valéry Montpellier 3)
Filmer ce désert : l’invention du paysage tarahumara dans La Fêlure du temps de Raymonde Carasco et Régis Hébraud
« Dernier volet de la série des voyages et des films Tarahumaras de Raymonde Carasco et Régis Hébraud, La Fêlure du temps accomplit l’exploit de représenter dans un même geste une genèse et un crépuscule. Genèse du monde tarahumara d’une part, et crépuscule d’autre part, à double titre puisqu’il marque à la fois la fin d’une civilisation fondée sur des gestes, rituels, marches et danses, filmés ici comme pour la dernière fois, et la fin de la fresque cinématographique Tarahumara. »
12h30• Fin de la matinée – Pause déjeuner
14h00 – 18h00
« Comment l’écriture raconte à partir d’un voir initial »
Présidente de séance : Corinne Maury
14h• Monique Peyriere (Chercheure au Centre Pierre Naville, Université d’Evry, chercheure associée au Centre Edgar Morin)
Le pas de Gradiva. L’écriture du voir : présentation des Carnets de Raymonde Carasco par Monique Peyriere et Régis Hébraud
14h30• Gabriela Trujillo (professeur à l’Ecole du Louvre et à NYU)
La connaissance du jour – fantômes, passages et arcanes. Poétique surréaliste dans l’œuvre de Raymonde Carasco
« Passer par Artaud, penser les fictions (Julien et Rupture), observer l’approche esthétique de Bousquet et Michaux développée par Raymonde Carasco, et même son humour dans son approche de Barthes. »
15h• Corinne Maury (Maître de conférences, Université Toulouse 2 – Le Mirail)
Les lumières et les ombres de Joë Bousquet au regard des mots-images de Raymonde Carasco
« Dans un mouvement analytique en aller-retour entre l’œuvre de Bousquet et les textes de Raymonde Carasco, nous tenterons de révéler la puissance du voir-poétique de Joë Bousquet que l’écriture essayiste de Raymonde Carasco éprouve et révèle en s’appuyant sur des notions empruntées à l’étude des formes filmiques. L’écriture de Bousquet serait-elle de composition(s) cinématographique(s) ? L’œuvre de Raymonde Carasco (tant ciné-expérimentale qu’essayiste) a-t-elle été irriguée / modelée / rythmée par la poésie visuelle de Joë Bousquet ? »
15h30• Olivier Penot-Lacassagne (Maître de conférences, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
Artaud/Carasco : confrontations
« ‘Confronter mon voir et le voir d’Artaud’, écrit Raymonde Carasco. Pour Raymonde Carasco, l’œuvre ‘indienne’ d’Artaud est à la fois une référence et une médiation ; un territoire où se mouvoir (la Sierra Tarahumara) et un savoir poétique à travailler. L’intertextualité est certes abondante ; mais loin d’être asphyxiante, elle favorise la libre invention d’un imaginaire qui se construit peu à peu, film après film. La confrontation devient alors approche, rencontre, parcours, déplacement. Elle est lecture, captation, détournement ; palimpseste, écriture propre, invention de soi ; affirmation d’une altérité. »
16h• Marie Martin (Maître de conférences, Université de Poitiers)
Sur le fil du zigzag. Frayages barthésiens dans les textes de Raymonde Carasco
« Hors-cadre Eisenstein, sans chercher à élucider la teneur exacte du troisième sens barthésien ni à entrer dans sa logique intime et subjective, n’en retient pas moins l’idée d’une écoute filmique fondée sur la dissémination photogrammique – hors-cadre cinéma. Le Portrait ovale, au cœur de l’effraction logique, zigzag, d’un raisonnement d’Eisenstein sur la ‘composition premier plan’ (par opposition à l’identification-cadre du gros plan), retrouve une nouvelle fois Roland Barthes – avec Poe, Bousquet, Godard et Dreyer. Comme S/Z est la théorie en acte de la lecture, Le Portrait ovale est celle de la figure. »
16h30 Pause
17h• Pascale Criton (musicienne, compositrice)
Stepping, pièce « in process » pour flûte, violon, violoncelle, guitare et trombone, composition originale, 8 minutes avec projection d’images de Régis Hébraud.
17h30• Echanges avec l’audience, en présence de Régis Hébraud.
18h• Fin de la Journée d’études.
La Journée a lieu dans l’Amphithéâtre de l’EHESS,
105 bd Raspail, 75006 Paris.
Responsabilité scientifique :
Nicole Brenez & Corinne Maury
Egide :
Régis Hébraud
Comité scientifique :
- Vincent Deville
- Térésa Faucon
- Ricardo Matos Cabo
- Caterina Pasqualino
- Serge Pey
- Monique Peyriere
- Lionel Soukaz
- Gabriela Trujillo