Séminaire LAIOS 21 décembre 2017 : Irène Bellier « Conflits de savoirs et d’usages en territoire autochtone » (Colombie)
Irène Bellier « Conflits de savoirs et d’usages en territoire autochtone (Colombie) »
La prochaine séance du séminaire du LAIOS « Globalisation : normes et tensions » vous invite à voyager en compagnie de réalisateurs autochtones qui se sont emparés de la caméra pour évoquer leurs situations au Nord de la Colombie.
Jeudi 21 décembre 2017, 14h-17h
EHESS, 54 boulevard Raspail, salle AS1_08
Consacrée à la question des conflits de savoirs et d’usage, la séance s’appuiera sur la présentation du film Resistencia en la linea negra, réalisé par Amado Villafana Chaparro, Saul Gil et Sivestre Gil Salabata (2011), durée 1 :24, sous-titré en français.
Synopsis :
Pourquoi ne pouvons-nous plus ramasser les coquillages au bord de la mer ? Pourquoi nous enlever les pierres de quartz « gardiennes » ? Pourquoi détruisent-ils les coeurs de la Mère Terre? Pourquoi nous faisons-nous assassiner ? Transgressant leurs normes traditionnelles, les autorités wiwas, koguis et arhuacas de la Sierra Nevada de Santa Marta décident de se présenter au monde. À travers un voyage révélateur, et partant d’une intimité rarement divulguée publiquement, une équipe de réalisateurs autochtones se saisit de caméras pour montrer au monde les actions que leurs autorités spirituelles – les Mamos – ont entreprises pour faire face aux graves menaces pesant sur leur territoire ancestral.
Alors que ce documentaire nous plonge au cœur de leur territoire, nous nous interrogerons sur les efforts que les peuples autochtones doivent faire pour maintenir —c’est leur responsabilité, disent-ils — l’équilibre d’une relation entre eux et avec la nature, relation fortement perturbée par des voisins encombrants (industries, militaires, narcotrafiquants, guérillas et touristes). Il invite à réfléchir sur les conflits de légalité et de rationalité, sur les conditions de possibilité de reproduire une culture vivante, avec ses formes d’organisation sociale, politique et juridique, sur la mise à distance des objets que renferment les musées nationaux et sur la nature des connaissances offertes aux touristes qui découvrent des restes archéologiques.
Cette année, le séminaire du LAIOS proposera une approche anthropologique et politique des rapports entre « normes » et « pratiques ». L’enjeu est d’éprouver sur plusieurs terrains les cadres analytiques permettant de se saisir de ces univers où les normativités sociales se superposent, s’entrecroisent, s’entrechoquent, et de comprendre le sens de ces croisements. Les travaux sur les échelles de la gouvernance ont montré l’interpénétration du global et du local, contribuant à brouiller les frontières du politique (en regard de la territorialité notamment) sans effacer leur pertinence sociale pour les sujets et les non sujets de droits. L’étude de la fabrique des normes internationales montre que le droit n’a pas pour seule fonction de réguler l’ordre social, puisqu’il peut être porteur de logiques d’émancipation tout en induisant un sens de la dépossession : ses branches – pouvant englober le droit canonique, les chartes locales ou la « coutume » – parfois s’opposent les unes aux autres par leurs logiques constructives, discursives et performatives, et peuvent aussi donner lieu à des systèmes hybrides. L’observation des controverses autour du rôle des technologies reproductives, agricoles ou numériques témoigne des rapports de force en oeuvre et des empreintes idéologiques sous-jacentes. À partir des recherches sur les questions de responsabilité (mafia, État), de rapport à la terre (paysans, peuples autochtones), de parenté (embryologie), de différentes formes d’appel à la « justice », entre autres, nous examinerons ce que « norme » veut dire dans une perspective anthropologique, prise dans une historicité et définie par des logiques d’acteurs et actrices situé.e.s.
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