Actes de l’atelier du Congrès 2011
Accès en ligne aux communications de l’atelier thématique Autochtonie, libre-détermination et mouvements sociaux à l’ère de la globalisation (21 et 22 septembre 2011) du 1er congrès de l’Association française d’ethnologie et d’anthropologie (AFEA) No(s) Limit(es).
Résumé de l’argumentaire sur la thématique : Des expériences originales d’autonomies autochtones constituées autour du principe de libre-détermination se sont multipliées ces dernières décennies autour du globe. En lien avec les mouvements sociaux, ces luttes d’ampleur régionale s’analysent au regard de processus historiques d’auto-organisation sociale et politique de groupes (multi)ethniques aujourd’hui dominés et menacés dans leur survie. L’anthropologie fournit des méthodes et des concepts théoriques utiles pour réfléchir aux relations que les peuples entretiennent avec l’Etat ou avec les acteurs non-gouvernementaux. En Amérique latine comme en Océanie, les mouvements autochtones ont créé des formes contemporaines de revendication et d’organisation qui s’appuient sur des espaces et des pratiques politiques, socioculturelles qui imposent des défis aux Etats, en se distinguant des volontés sécessionnistes de groupes nationalistes et en remettant en question le modèle d’un Etat-nation culturellement homogène. Coordinateurs : Sabrina Melenotte et Bruno Baronnet.
1ère session
1-1. Irène Bellier, Directrice de Recherche IIAC/LAIOS-SOGIP, « Échelles de gouvernance. Penser l’autodétermination des peuples autochtones dans la globalisation ».
L’adoption de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones par l’Assemblée générale des Nations Unies, en septembre 2007, ouvre un horizon de réflexion sur les modalités possibles d’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cela interroge les anthropologues et offre de magnifiques perspectives de recherche sur ce que « être aujourd’hui peuple autochtone » veut dire. Irène Bellier présente les avancées du projet SOGIP qui porte sur différentes manières de penser l’autodétermination au niveau international, dans les Etats, dans les communautés et organisations autochtones, au Sud de l’Afrique, en Amérique du Sud, en Asie, et en Océanie. Elle évoque plusieurs états de la fabrique des connaissances relatives aux « questions autochtones » dans les mondes anglophones, hispanophones et francophones.
1-2. Marco Aparicio Wilhelmi, chercheur et professeur à l’Université de Gérone (Catalogne, Espagne), « Enjeux et implications des droits autochtones dans les réformes constitutionnelles en Amérique du Sud ».
L’adoption en 2007 par l’Assemblée Générale des Nations Unies de la Déclaration Internationale sur les droits des peuples autochtones et les dernières contributions du constitutionnalisme en Amérique latine, à savoir les Constitutions équatorienne de 2008 et bolivienne de 2009, ont ouvert de nouvelles perspectives dans les débats sur la question de la diversité culturelle et les droits des peuples autochtones dans l’État contemporain. Dans quelle mesure ces changements récents représentent-ils une rupture avec les dogmes sur lesquels l’Etat s’est fondé en tant qu’unité d’aménagement juridique et de pouvoir politique ? Comment saisir et comprendre les relations qu’entretiennent les différents ordres juridiques en présence ? Sommes-nous en marche vers un certain dépassement du constitutionnalisme libéral, ou bien s’agit-il plutôt d’une réorganisation de celui-ci ?
1-3. Sabine Kradolfer, boursière post-doc FNS-Suisse, Université Autonome de Barcelone et Université Nationale de Rio Negro (Argentine) : « Réarticulations politiques et ethniques : quelques réflexions à partir de l’exemple des Mapuche ».
Depuis l’occupation et l’intégration de leurs territoires par les états argentin et chilien à la fin du 19ème siècle, les populations mapuche qui vivent des deux côtés de la Cordillère des Andes ont dû s’adapter aux différentes politiques publiques en vigueur. De ce fait, l’identité mapuche, la relation au territoire, le maintien ou l’abandon de formes indigènes de gouvernement ou de régulation sociale ont pris nombre de formes différentes dans le temps et dans l’espace. Loin de connaître un développement linéaire, les luttes autochtones répondent et s’ajustent aux évolutions du droit international ainsi qu’aux réformes constitutionnelles et à la reconnaissance du multiculturalisme dans le cas de l’Argentine. Ainsi, certains contextes sont plus adéquats pour des revendications de type nationaliste-autonomiste, alors que d’autres conduisent à des agencements politiques autochtones (confédérations, coordinations, associations) qui reconnaissent l’existence des états argentins et chiliens.
1-4. Alejandra Aquino Moreschi, Postdoctorante à la UniversidadAutónomaMetropolitana (UAM-X), Mexico: « La génération de l’“émergence indienne” dans la Sierra de Juarez (Oaxaca) et la naissance des luttes pour l’autonomie ».
Au Mexique, le « réveil indien » n’a pas été un processus homogène ni simultané dans tout le pays; chaque lutte a suivi son propre rythme avec une dynamique et des caractéristiques spécifiques. Ces luttes ont en commun l’exigence de la reconnaissance du droit à l’autodétermination et à l’autonomie comme base de régimes de gouvernement alternatifs. Au niveau national, l’étape de majeure visibilité du mouvement indigène se produit après les protestations de 1992 et le soulèvement zapatiste de 1994. Pourtant, ces deux événements n’ont été que le fer de lance du processus de lutte en gestion depuis plusieurs décennies. La lutte pour l’autonomie des Zapotèques de Yalalag dans l’Etat de Oaxaca est partie prenante du communalisme, un courant d’action et de pensée critique indienne qui s’exprime quotidiennement dans les formes d’organisation et de résistance des peuples de la Sierra de Juarez, converties en un projet politique et de vie et en un espace pour la production de nouvelles subjectivités.
2ème session
2-1. Barbara Glowczewski, Laboratoire d’Anthropologie Sociale / Collège de France, « Enseignement bilingue, restitution anthropologique et potentiel digital pour les Aborigènes ».
Suite à l’intervention d’urgence de l’Etat fédéral qui a mobilisé armée, police et médecins dans 73 communautés du Territoire du Nord en Australie depuis juin 2007, les terres et la gestion de ces groupes sont passés sous tutelle de l’Etat pour cinq ans. Cette remise en cause de l’autodétermination aborigène s’est accompagnée d’un débat public sur la pertinence ou non de favoriser la spécificité culturelle des Aborigènes. Malgré la signature tardive de la Déclaration des droits des peuples autochtones par l’Australie, la politique actuelle est de ne plus financer l’enseignement bilingue. La langue warlpiri de Lajamanu n’est plus enseignée qu’une demi-heure par semaine et 25 enseignants ont perdu leur emploi cette année. Les alternatives discutées en août 2010 consistent à tenter de systématiser des bush school (écoles dites de « brousse » pour ne pas dire « buissonnières ») pour apprendre les savoirs autochtones et à investir le WEB pour y développer des ressources éducatives en warlpiri.
2-2. Fabien Le Bonniec, Universidad Catolica de Temuco, Institut Interdisciplinaire sur les Enjeux Sociaux (IRIS) : « L’inexorable quête d’autonomie des Mapuche dans le Chili actuel ».
La période post-dictature s’est caractérisée au Chili par la réaffirmation du modèle néolibéral et la mise en place de politiques de promotion de la diversité culturelle. A la fin des années 1990, les mobilisations de communautés et d’organisations mapuche ont mis au grand jour les limites de ces politiques et ont opéré une rupture dans les représentations de la société chilienne sur les Mapuche, mais aussi celles de ces derniers sur eux-mêmes. De nouveaux enjeux dans la lutte pour la terre et le territoire sont apparus, annonçant une renaissance du discours autonomiste. « L’imagination constituante » des Mapuche a consisté à occuper le terrain politique chilien à la recherche de nouvelles formes de démocratie participative, prenant part à la transformation de l’Etat centraliste. Les mobilisations se sont recomposées en entités territoriales et la mise en visibilité de l’élite mapuche représente un paradigme alternatif, vecteur de subjectivation au sein de la société chilienne et mapuche.
2-3. Leslie Cloud, doctorante en droit public, IHEAL Université Paris III Sorbonne-Nouvelle, SOGIP – LAIOS – EHESS: « Dynamique de construction et mise en œuvre du droit à l’autodétermination des peuples autochtones au sein de la province de Neuquèn, Argentine ».
L’année 1994 marque un tournant dans l’histoire des droits des peuples autochtones en Argentine. La nouvelle constitution reconnaît la préexistence de ces peuples ainsi que de nombreux droits collectifs dont ils sont les sujets et supprime l’anachronique clause relative au « traitement pacifique avec les Indiens et à leur soumission au catholicisme ». A Neuquen, l’incorporation des droits des peuples autochtones en 2006 tient tant à la participation active de la Confédération mapuche de Neuquen qu’à un jeu de circonstances. Comment le paradigme juridique du droit à l’autodétermination est-il mis en œuvre par les institutions étatiques et saisi par les Mapuche dans une Province qui compte avec les principales ressources énergétiques du pays et la plus importante population autochtone au sein de mêmes espaces territoriaux ? L’analyse porte sur la dynamique Etat/peuple Mapuche autour du droit à l’autodétermination et effectue un bilan des rapports de pouvoir en termes de limites et d’acquis.
2-4. Natacha Gagné (Directrice de recherche – Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités, Université d’Ottawa), Sébastien Grammond et Isabelle Lantagne : « Les tribunaux : une voie pour l’accès à la reconnaissance pour des communautés autochtones ».
Au Canada, la politique actuelle des gouvernements fédéral et provinciaux a pour conséquence de priver de nombreux groupes autochtones, notamment les « Métis » et les « Indiens sans statut », de toute reconnaissance effective. Même si, sur le plan international, la définition des peuples autochtones est une question controversée, plusieurs pays ont mis sur pied des mécanismes administratifs destinés à identifier les groupes bénéficiaires de ces droits. Il en résulte que les tribunaux se sont effacés devant l’administration et ne conservent qu’un rôle mineur à jouer en matière de reconnaissance. Depuis l’arrêt Powley en 2003, dans les procès qui ont eu lieu, il s’est agi pour le juge de se prononcer sur l’existence de communautés métisses. Le système judiciaire et les exigences de preuve qu’il impose influent sur la manière dont les autochtones présentent leur identité et font la preuve de leur appartenance à une communauté métisse contemporaine en lien avec une communauté historique.
3ème session
3.1. Carmen Salazar-Soler, Directrice de Recherche CNRS (CERMA/MASCIPO): « De l’environnement à l’autochtonie et à l’autodétermination : les luttes des communautés paysannes contre les compagnies minières au Pérou »
Le but de cette communication est de réfléchir au processus d’ethnification des revendications socio-environnementales aujourd’hui observé dans de nombreuses régions du monde, à travers le cas particulier des Andes péruviennes. Nous étudions les discours et les actions des communautés paysannes qui luttent contre les compagnies minières, avec l’analyse du rôle et de l’évolution de la Confédération nationale des communautés affectées par l’activité minière (Conacami). Depuis 2004, on assiste à un processus d’ethnification du discours et des pratiques de la Conacami et d’insertion de la lutte contre l’activité minière dans un mouvement national et pan-andin. Ceci nous amène à réfléchir, par un jeu d’échelle allant du local au global, sur l’interprétation, la mise en œuvre et les effets des dispositifs onusiens concernant les droits des peuples autochtones, et sur la manière dont les acteurs locaux se les approprient et produisent leur propre vision.
3-2. Claude Le Gouill, doctorant à l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine (IHEAL), Université Paris 3. Boursier de l’Institut Français des Etudes Andines (IFEA), « La question de l’autonomie politique de l’ayllu et les luttes de pouvoir dans les Andes boliviennes ».
La Bolivie a adopté en 2008 une nouvelle Constitution reconnaissant la plurinationalité du pays. La reconnaissance des droits des peuples autochtones y est notamment garantie à travers l’Autonomie Indigène Originaire Paysanne (AIOC). Depuis décembre 2009, 11 municipes sont entrés en processus d’implantation de l’AIOC. Celle-ci institutionnalise les formes d’autogouvernement qui s’étaient maintenues, notamment celle de l’organisation segmentaire andine de l’ayllu. A partir d’études de cas concrets dans le municipe de Chayanta, nous analysons l’implantation de cette autonomie, dans son articulation à l’Etat et dans le champ du pouvoir autour de sa mise en place. L’AIOC marque cependant une véritable tentative d’intégration à l’Etat d’une population indigène autrefois exclue. Nous montrons comment la Constitution cherche à articuler les organisations indigènes au nouvel Etat plurinational, avec les avancées concrètes et les blocages de ces expériences d’autogouvernement.
3-3. Laurent Lacroix, SOGIP – IIAC/LAIOS – EHESS : « L’institutionnalisation des « autonomies indigènes en Bolivie ».
La Constitution bolivienne garantit aux peuples autochtones la libre-détermination, le droit à l’autonomie, à l’autogouvernement, à la culture dans le respect de l’unité de l’Etat. Elle reconnaît leurs « territoires ancestraux », leurs institutions et systèmes de gouvernement qu’elle prévoit d’intégrer dans la nouvelle organisation politico-administrative de l’Etat. La constitutionnalisation des droits collectifs résulte d’une mobilisation collective permanente ponctuée de manifestations, de propositions de lois, d’alliances stratégiques mais aussi d’expériences locales de gouvernement, comme depuis 1999 àLomerío en Chiquitanie. Cette communication revient sur chacune des étapes de l’histoire du mouvement indigène et des politiques d’Etat qui ont mené à la situation actuelle. Cette communication met en évidence le caractère légaliste et constitutionnaliste de ce mouvement en Bolivie et de la mise en place des autonomies indigènes.
3-4. Sabrina Melenotte, doctorante LAIOS/IIAC-EHESS-CEMCA, « Splendeurs et misères de l’autonomie zapatiste : vues depuis San Pedro Polhó, Chiapas, Mexique ».
Au Mexique, l’autonomie zapatiste fut considérée comme l’application concrète du droit à la libre-détermination, qui pose la question de la souveraineté des populations indigènes et autochtones à s’autogouverner au sein des Etats-nations. En m’appuyant sur une ethnographie menée dans un municipio constitutionnel dans la région de Los Altos du Chiapas, j’exposerai les différentes étapes d’une expérience d’autonomie zapatiste à San Pedro Polhó et celle « semi-autonomique » de l’organisation des Abeilles. Le contexte politique local dans lequel se sont formées ces deux organisations fut marqué par un fort caciquisme et une violence endémique à la région, ce qui explique en partie la difficile consolidation d’un secteur d’opposition dans cette région et le massacre d’Actéal en 1997. Je donnerai un éclairage historique à ces deuxexpériences pour les comparer aux autres rébellions indiennes passées et aux autres espaces en marge ou dans les interstices de l’Etat.
4ème session
4-1. Monica Martinez Mauri, Enseignants-chercheurs à l’Université de Lleida (Catalogne, Espagne) : « Mouvements autochtones, autonomie et libre-détermination au Panama et en Equateur ».
Cette communication compare les processus organisationnels et identitaires des peuples autochtones du Panama et de l’Equateur, afin de comprendre les stratégies politiques qu’ont suivies ces peuples, notamment par rapport à la constitution d’organisations pan-indigènes et les demandes d’autonomie ou de libre-détermination face aux Etats. En considérant que la globalisation ne peut pas être le point de départ de ces demandes autonomistes ou libre-déterministes, certains aspects que nous analysons ont provoqué la politisation de l’ethnicité à partir de stratégies parallèles, mais fort différentes entre elles. La comparaison entre les réalités autochtones de l’Equateur (Andes) et du Panama (Comarca de Kuna Yala) permet de réfléchir aux raisons de la politisation de l’ethnicité dans certains contextes nationaux et leur articulation avec les demandes de libre-détermination des peuples, à partir de deux démarches organisationnelles emblématiques dans le continent américain.
4-2. Paula Lopez Caballero, Enseignant-chercheur, Centre d’Etudes Internationales, El Colegio de México « L’utopie nationale de la diversité. Rhétoriques multiculturelles officielles au Mexique, 1980-2010 ».
Cette communication s’interroge sur l’impact des rhétoriques internationales relatives aux manières de concevoir la nation au Mexique et qui préconisent l’adoption d’une utopie de la diversité culturelle, comme nouvelle façon d’imaginer la communauté nationale. Cette rhétorique multiculturelle est adoptée par le gouvernement de Mexico où les habitants de Milpa Alta, un arrondissement rural de la capitale, se mobilisent pour être reconnus comme Pueblos originarios. Autant les rhétoriques officielles que l’étude de cas montrent que même si les États-nations doivent composer avec des forces et des institutions supranationales, le lieu principal des luttes pour définir les subjectivités collectives se situe à l’échelle nationale. Ces luttes reflètent la « collision » entre l’utopie d’une nation homogène et celle d’une nation pluriculturelle. Cette collision est le lieu des tensions et des négociations entre les instances internationales, les élites gouvernantes et les groupes autochtones.
4-3. Marie Salaün, Maîtresse de Conférence à l’Université de Paris 5 et chercheuse à l’IRIS-EHESS, « S’approprier l’École ? Quelques réflexions autour de la souveraineté autochtone en éducation (Hawai’i, Nouvelle-Calédonie) »
Pour les communautés autochtones, dans le Pacifique comme ailleurs, l’Ecole est d’abord le produit de la rencontre coloniale. Ici, elle a été historiquement un lieu de ségrégation, avant de devenir l’instrument privilégié de l’assimilation. La région ne déroge pas à un principe qui semble universel : la relégation massive des populations autochtones, souvent au nom de « l’égalité » citoyenne, marginalisation dont témoigne une statistique de l’échec scolaire implacable. La communication interroge quelques exemples de dispositifs de prise en compte des réalités linguistiques et culturelles dans l’éducation formelle, à Hawai’i, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Elle cherche à saisir la portée de l’objectif de « décolonisation » de l’institution scolaire en proposant une typologie alternative de ces dispositifs, alors que les objectifs en termes de défense d’un patrimoine menacé et de recouvrement de souveraineté sont largement occultés par les analyses savantes.
4-4. Bruno Baronnet, postdoctorant Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM), chercheur associé au LAIOS (EHESS), « De la rébellion à la résistance : les expériences autochtones de lutte pour la terre et l’éducation au Mexique ».
Dans le sillon du mouvement zapatiste, la question de l’autodétermination en éducation est posée au Mexique par des organisations autochtones en lutte. La construction de centaines d’écoles multilingues dans les Municipes autonomes du Chiapas illustre la résistance des paysans mayas dont l’objectif est de défendre les terres « récupérées » en inculquant aux enfants les normes et les connaissances qu’ils valorisent. La rébellion zapatiste met en évidence la capacité des autochtones à intervenir dans la gestion scolaire qui repose sur de nouvelles charges et le travail collectif, avec la nomination et le contrôle communautaire des éducateurs bilingues et la participation à la définition des priorités pédagogiques. Dans différentes régions multiethniques marquées par des conflits agraires, les mobilisations autochtones obtiennent le départ et le remplacement d’instituteurs, la création d’écoles et d’universités, malgré les violations récurrentes au droit des peuples à l’éducation. Contact : bruno.baronnet@gmail.com