Aller au contenu principal

Dossier sur les 20 ans du soulèvement zapatiste au Mexique

by sur 05/01/2014

« Nous sommes en  territoire zapatiste, nous sommes au Chiapas, nous sommes au Mexique, nous sommes en Amérique latine, nous sommes sur la Terre. Et c’est le mois de décembre 2013, il fait froid comme il y a vingt ans, et comme en ce temps, une bannière nous abrite : celle de la rébellion. »

***************

La rébellion, patrimoine de l’humanité

L’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) vient de célébrer le vingtième anniversaire du soulèvement en armes du 1er janvier 1994 en manifestant son objectif de consolider l’autonomie des indiens et en appelant à la rébellion. Devant des milliers d’invités et de membres des communautés « bases d’appui », c’est la Sous-commandante Hortensia qui a lu un communiqué où elle a insisté sur la lutte pour l’autonomie et l’auto-gouvernement comme pratiques démocratiques. Par la bouche de la femme tsotsile, l’EZLN accusa le gouvernement fédéral de mener une « véritable guerre d’extermination » à son encontre, de vouloir lui reprendre les terres récupérées en 1994 en envoyant des dizaines de milliers de soldats qui occupent leurs territoires. Résister et gouverner sans aide de l’État ni des partis politiques, telles ont été les deux consignes lancées par la Commandante au nom de la direction de l’EZLN, et destinées en grande partie aux générations futures. L’organisation, la résistance, la rébellion, maniées avec vérité, justice et raison, restent les principales armes de l’EZLN : « il est temps de consolider et globaliser la résistance et la rébellion ».

Discours de la Sous-commandante Hortensia dans le Caracol d’Oventik (en espagnol):

Cette célébration s’est réalisée dans le Caracol d’Oventik avec des milliers de jeunes venus de plusieurs États du Mexique et d’autres pays, venus assister aux « petites écoles zapatistes ». La presse ne fut pas conviée, comme l’avait annoncé le sous-commandant Moisés dans un communiqué publié le 19 décembre.

Retour sur le 1er janvier 1994

– Audio original de la Première déclaration de la forêt lacandone du 1er janvier 1994 (en espagnol) :

– Entretien inédit (en espagnol) du Sous-commandant Marcos réalisé par Gloria Muñoz Ramirez dans la communauté tseltale de Pedro Payacal. Les questions-réponses portent sur l’origine de l’EZLN,  la stratégie du soulèvement de la guerre en 1994. Enregistrement de mars 1994, publié en décembre 2013 :

Entretien inédit avec le Sous-commandant Marcos

Deuxième partie de l’entretien

Troisième partie de l’entretien

marcos 1994 raul ortega

Quelques communiqués préalables au 1er janvier 2014: (traductions en français issues du site La voie du jaguar)

en espagnol : Cuando los muertos callan en voz alta (Rebobinar 1)   et en français : Quand les morts se taisent à haute voix

en espagnol : Rebobinar 2 : De la muerte y otras coartadas et en français : Rembobiner 2 : De la mort et autres alibis

en espagnol : Rebobinar 3 et en français : Rembobiner 3

Retour sur la marche silencieuse des 40 000 indiens le 21 décembre 2012, date de la « fin du monde » le 13 Baktun selon le calendrier maya, et début d’une nouvelle ère de la lutte zapatiste:

Après six années de silence, tout « recommença » le 21 décembre 2012 où, pendant une dizaine d’heures, des milliers d’indiens masqués défilèrent dans un silence solennel, de manière ordonnée et pacifique, dans les rues d’Ocosingo, Las Margaritas, Palenque, Altamirano et San Cristobal de las Casas :

Au même moment, le Comité Clandestin Révolutionnaire Indigène (CCRI) et le Commandement Général de l’Armée zapatiste de libération nationale (CG-EZLN) publièrent un communiqué aussi incisif qu’énigmatique, adressé « aux personnes concernées »:

« Vous avez entendu? C’est le bruit de votre monde qui s’écroule. C’est le son du nôtre qui resurgit. Le jour qui a été le jour, était nuit. Et nuit sera le jour qui sera le jour. »

Ce communiqué a été un pied-de-nez à tous ceux qui pensaient que l’organisation zapatiste s’essoufflait, mais aussi à l’histoire qui annonçait la fin du monde dans la prophétie maya. Les zapatistes, par cette marche silencieuse, suscitèrent non seulement la surprise totale, mais annoncèrent en silence la préparation d’une nouvelle étape de leur processus de lutte.

Les petites écoles zapatistes (traductions en français issues des blogs « La voie du jaguar » et « Le serpent à plumes »).

Suite à cette mobilisation massive de la fin du mois de décembre 2012, le Sous-commandant Insurgé (SCI) Marcos diffusa au premier semestre 2013 une série de communiqués appelés « Eux et nous » :  I ; II ; III ; IV ; V ; VI ; VII

Il s’est agi d’un appel à constituer un réseau global des luttes, qui s’appellerait « la Sexta », en référence à la sixième Déclaration de la forêt lacandone qui avait marqué le début de l’Autre Campagne en 2006.

Ecole zapatiste de la liberté (photo Promedios Mexique)

Bien que le processus d’autonomie des zapatistes soit en marche depuis des années, ces nouvelles déclarations constituent de nouvelles initiatives adressées à la société civile nationale et internationale. Elles représentent également une présentation de soi auto-critique, dressant un bilan des « bons gouvernements » zapatistes, et rendant public le processus de construction collective de l’alternative des indiens rebelles. Ceux-ci affirment et affichent leurs expériences qui se détachent d’un modèle à suivre mais se construisent en cheminant. L’initiative des « petites écoles zapatistes » fut lancée dès le mois d’août 2013, et la première petite école eut lieu au Chiapas, avec la participation de plus de 1500 personnes. En décembre, les familles zapatistes renouvelèrent leur invitation aux visiteurs pour partager leur quotidien pendant une semaine et l’on compta près de 5000 participants venus apprendre des zapatistes.

Les petites écoles zapatistes I ; II ; III ; IV ; V ; VI ; VII ; VIII ; IX ; X ; XI

Série de communiqués appelés « Votán » publiés en juillet 2013 et qui complètent les communiqués sur les petites écoles zapatistes: Votán IIIIII ; IV

Ces « petites écoles » furent l’occasion de dresser un bilan de leur autonomie et leur auto-gouvernement, tout en reconnaissant leurs difficultés, leurs lacunes et leurs erreurs : « Nous avons commis des erreurs… de graves erreurs », Nicolas, milicien de l’EZLN (en espagnol).

Les projets autonomes zapatistes : une lutte quotidienne

Voici un reportage réalisé par des jeunes femmes et hommes zapatistes qui racontent leurs expériences d’autonomie dans la santé, l’éducation, la justice, l’agriculture, la radio communautaire, les coopératives d’artisanat, les productions de café, de maïs, l’élevage, l’organisation politique et économique. On y voit des jeunes, des anciens, des autorités, hommes et femmes des cinq Caracoles et des 29 municipalités autonomes zapatistes, qui racontent chacun depuis leur communauté ou municipalité le fonctionnement de leurs projets autonomes. On y trouvera un bilan réalisé par les zapatistes dans un effort pour chiffrer et nommer les avancées mais aussi les limites de ce processus politique.

Les 20 ans de l’EZLN dans la presse

Voici quelques liens publiés dans la presse nationale (en espagnol) et qui résument les différentes étapes de l’organisation zapatiste, les négociations et les ruptures avec le gouvernement, les grandes initiatives :

Resumen 20 años EZLN Aristegui Noticias

Photographies de journalistes ayant suivi l’organisation zapatiste depuis le 1er janvier 1994

Generaciones armadas 20 años representativas delos 20 años del movimiento zapatista

20 años de la insurrecion zapatista. Los dias de la guerra – Desinformemonos

Dossier Proceso-n°1939 – 20 años EZLN – Marcos y el CISEN

Analyse de Jérôme Baschet dans un entretien paru dans Demain Le Monde n°23 janvier-février 2014 : dlm_dossier sur 20 ans EZLN

Entretien des deux journalistes de El Tiempo, Gaspar Morquecho et Concepcion Villafuerte qui racontent le 1er janvier 1994 : A 20 años del levantamiento zapatista – Vice

Luis Hernandez Navarro, Zapatismo, veinte años después ; Zapatismo, la riqueza de la dignidad

Analyse sur la manière dont la Secretaria de Gobernacion a « géré » le conflit armé au Chiapas : 20 años EZLN Documentos secretos de Gobernacion

Voici un dossier constitué lors du centenaire de la Révolution mexicaine par la Chaire Nycole Turmel à la UQAM. On y trouvera de nombreux articles et analyses de 2010:

Dossier sur l’EZLN  : La construction de l’autonomie et la création de nouveaux imaginaires

Pour en savoir plus sur les savoirs alternatifs au Chiapas

Pour ceux qui s’intéressent aux savoirs alternatifs et « décolonisants », il existe depuis 2004 un Séminaire Immanuel Wallerstein à San Cristobal de las Casas, organisé à l’Université de la terre-CIDECI. Dans ce cadre, eut lieu peu après le décès soudain d’André Aubry le « Premier Colloque Internationale in Memoriam Andrés Aubry » en décembre 2007. Il convoqua une série d’intellectuels engagés dans plusieurs parties du monde. Pour écouter et voir l’intégralité des présentations de ce colloque, cliquer ici : Coloquio internacional André Aubry

D’autres réunions eurent lieu les années suivantes. En décembre 2008, le Festival de la Digne Rage se tint à nouveau à San Cristobal de las Casas, puis en 2009, 2011 et 2012, eurent lieu les premiers Séminaires Internationaux de réflexion et d’analyse Planète Terre Mouvements Anti-systémiques.

Ces rencontres cherchent autant à réfléchir à l’expérience zapatiste depuis la vie quotidienne des communautés qu’à réfléchir au rôle des chercheurs dans la transformation de la société, prenant à contre courant l’histoire et la science, en vue de décoloniser le savoir et faire de la recherche un espace de collaboration avec les mouvements d’émancipation comme l’est l’organisation zapatiste.

La nouvelle initiative de Loi Indigène :

Sur la nouvelle initiative de Loi Indienne – Boca de Polen

From → Archives

Laissez un commentaire

Laisser un commentaire